Voici les critiques:
"Dark_Wolf" représentant les VardensEragon…
Voilà un mot qui a fait couler beaucoup d’encre. Que ce soit par les milliers d’exemplaires vendus ou par les nombreuses critiques et références découlant de l’énorme succès de ce cycle, toute personne moindrement intéressée à la littérature fantaisiste en a entendu parlé un jour ou l’autre. Mais qu’en est-il du livre en tant que tel; que vaut-il vraiment?
Débutons par le cœur même d’un livre : son histoire. Alors que plusieurs crient au chef-d’œuvre ou, du moins, à l’originalité, d’autres dénoncent plutôt le plagiat et la prévisibilité. Il serait, en effet, totalement faux de classer ce roman comme unique et hors du commun, mais il ne faut pas pour autant faire fi de l’intérêt qu’il suscite chez le lecteur. Autrement dit, si l’on ne s’en tient qu’à la trame scénaristique, nombreux sont ceux qui décrocheront par la prévisibilité et le manque d’innovation. Ceci dit, c’est lorsque l’on met de côté notre esprit critique et notre soif d’innovation que l’on peut réellement apprécier le travail de Paolini.
Eragon met en vedette le jeune protagoniste du même nom qui se voit devenir dragonnier pour sauver l’Alagaësia du méchant Galbatorix. Tel serait un résumé de l’œuvre qui cible l’essentiel. Très court, certes, mais malheureusement l’image du livre. Le reste de l’histoire ne sert, bien plus souvent qu’autrement, que de détour à l’intrigue principale. En fait, de très nombreux passages ne semble servir qu’à donner de l’épaisseur au roman. De plus, l’auteur nous livre un scénario très peu poussé : du destin d’Eragon tout à fait fortuit et très peu original à ses péripéties regorgeant d’actions héroïques basées sur la chance et l’évolution accélérée, tout bonnement invraisemblable, de ses capacités.
Ajoutons à cela l’unicité des éléments de l’œuvre. Par unicité, je fais bien évidemment référence à la capacité unique de Paolini à regrouper des éléments de nombreuses œuvres déjà existantes. Du
Seigneur des Anneaux à
Star Wars, les inspirations de l’auteur ne sont aucunement dissimulées. On serait même porter à croire que l’idée directrice est que le regroupement d’éléments de chefs-d’œuvre en entraînera un nouveau. À titre d’exemple, les Urgals ne sont pas sans rappeler les Orcs, de même que les Ra’zacs, les Nazguls. Les fins connaisseurs de littérature et de cinéma ne sauront certainement pas ignorer ce plagiat dissimulé. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’une adaptation cinématographique ait fini par voir le jour. Après tout, tous les éléments d’un bon film américain y sont présents. Il ne serait pas étonnant d’apprendre que, par moment, Paolini ait oublié qu’il écrivait bel et bien un livre. De temps à autres, on se demande même si l’auteur a réellement planifié la suite ou s’il continue son récit comme bon lui semble.
Ceci dit, tout n’est pas noir pour autant. Hormis ces aspects, et en libérant son esprit de toute envie de chef-d’œuvre,
Eragon n’en reste pas moins un excellent divertissement. Plaisir coupable? Je ne saurais le dire. Le fait est que nous prenons plaisir à entre dans ce « nouveau » monde. Malgré toutes les faiblesses apparentes de l’œuvre, un personnage n’en reste que très attachant : Saphira. C’est d’ailleurs dans ce dragon que réside tout l’intérêt du cycle
l’Héritage. La liaison mentale Eragon - Saphira a de quoi ravir même les plus difficiles. Voilà probablement un des seuls éléments réellement intéressants qui ressort de l’œuvre. Il est certain que Paolini n’est pas l’inventeur direct d’un tel concept, mais il a très bien su l’utiliser. Il n’est pas faux de dire que l’on se plaît à se mettre à la place du protagoniste qui privilégie de cette amie fidèle et hors du commun, même dans cet univers. Ce sont certainement les passionnés de ces créatures ailées qui en seront le plus satisfaits.
Le reste des personnages n’est cependant pas aussi intéressant : un méchant qui cherche à prendre le contrôle de tout l’Empire, un peuple rebelle, un jeune fermier qui devient un super chevalier, une princesse en détresse, etc. Il n’est donc aucunement exagéré d’affirmer que les dragons, particulièrement Saphira, forment l’âme du roman.
Outre cet aspect, le reste du livre n’en reste pas moins agréable à lire. Ceci dit, il ne faut certes pas être à la recherche d’un texte profond et recherché pour pleinement apprécier ce roman. La recherche d’une lecture simple ne visant que l’évasion littéraire est plutôt à préférer. Effectivement, dans ce dernier cas, il devient assez facile de bien embarquer dans l’histoire et d’en demander davantage.
Il serait maintenant temps d’aborder un élément primordial à tout œuvre : le style de l’auteur. Écrit alors que Paolini n’était qu’un adolescent, il n’est pas étonnant de constater que
Eragon est très simple en écriture. À travers un vocabulaire assez simpliste et des tournures de phrases ne reflétant que la maîtrise de base de la langue de l’auteur, on y remarque également une façon de raconter les événements ne laissant que très peu place à la surprise. Cependant, ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. Alors que les grands lecteurs risquent de décrocher assez vite de ce livre simpliste, les jeunes et les lecteurs occasionnels n’en seront que très satisfaits. Étant très facile à lire, il est donc à la portée de tout le monde de passer à travers ces 680 pages. Là réside probablement la plus grande force du livre, celle qui est responsable de son énorme succès.
Donc,
Eragon constitue un roman bien ordinaire et très peu original, mais tout de même intéressant pour le commun des mortels. Voilà une lecture qui, si elle est abordée sur le simple désir du divertissement, peut entraîner plusieurs heures de véritable évasion mentale. C’est donc une œuvre grandement recommandée comme passe-temps lors des vacances, par exemple, mais fortement déconseillée lorsque l’on recherche de la profondeur. Ce livre ne révolutionne aucunement le genre, mais saura introduire un large public dans cet univers littéraire.
(974 mots)
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"Sherryn" représentant les Nains / UrgalsEragon n’était qu’un simple fermier de Carvahall, un village comme un autre perdu au fond des montagnes. Du moins jusqu’au jour où, au cours d’une chasse, il découvrit une pierre magnifique, pierre mystérieuse qui allait, en fait, se révéler un trésor des plus surprenants : un œuf de dragon ! Et lorsque Saphira éclot et le choisit, son destin bascule : poursuivi par l’Empire, Eragon se voit obligé de prendre la fuite à travers l’Alagaësia, car il est devenu, sans le savoir, le dernier espoir des forces bénéfiques qui espèrent encore renverser le règne du cruel empereur Galbatorix…
Le roman s’ouvre sur une technique ancestrale qui continue à faire ses preuves : un intense moment d’action, dont pour l’heure nous ne connaissons encore ni les tenants ni les aboutissants ; et l’on suit avec curiosité le destin de cette femme courageuse et désespérée, porteuse d’un fardeau mystérieux, subissant une défaite visiblement amère, non sans se demander qui elle est exactement. Lorsque le décor change et se focalise sur un adolescent qui, de prime abord, semble n’avoir aucun rapport avec la scène qu’il vient de suivre, le lecteur comprend aussitôt qu’il tient là le héros de son histoire.
À partir de là, il se doute plus ou moins précisément de ce qu’il va advenir, et ne se trompe pas : le jeune chasseur découvre l’objet étrange qui a été transféré, en derniers recours, par la femme poursuivie. Tout d’abord, il ignore de quoi il s’agit, et l’on suit avec un sourire mi-amusé, mi-intrigué les diverses pérégrinations d’Eragon qui viseront à tenter, en vain, de tirer profit de sa trouvaille. Par la suite, plusieurs événements à la fois légers et touchants se voient décrits, de la naissance de Saphira à sa croissance dans les environs de Carvahall, sans oublier son baptême qui arrachera plus d’un sourire. Et si le lecteur fronce quelque peu les sourcils en voyant le jeune garçon décider de garder secret une compagne telle que Saphira, quelque part il peut le comprendre : qui, en effet, n’a jamais rêvé d’une amie semblable, que connaître constitue déjà une aventure à part entière ?
Cependant, le lecteur se doute que cette tranquillité relative ne durera pas ; et une fois de plus, l’intrigue lui donnera raison, puisque la tragédie survient et que, bien sûr, Eragon s’en trouve épargné alors que son entourage en subit les conséquences ; désorienté, celui qu’on nommera désormais un « dragonnier » s’engage dans une quête éperdue, à mi-chemin entre la fuite et la vengeance… Heureusement, dans ce voyage où désormais le danger guette à chaque pas, notre héros, qui a toute la dureté du monde à apprendre, n’est pas seul : il est en effet soutenu par Brom, le vieux conteur, qui recèle évidemment maints secrets restant encore à découvrir. Dès lors, l’intrigue se meut en une quête épique et héroïque où l’aventure reste le maître mot.
Ce début se révèle plutôt efficace : dès la première phrase du roman, c’est à la fois l’action et l’émotion qui viennent frapper et envelopper le lecteur, dont l’intérêt juvénile va croissant, maintenu par les nombreux mystères dont il est juste dévoilé suffisamment pour deviner, sous leur surface, la masse de l’iceberg.
Malheureusement, il y a un mais : cette efficacité repose en effet essentiellement sur le fait qu’elle a déjà été utilisée à de nombreuses reprises dans le passé, par les classiques et jusqu’aux fondateurs du genre, au point que le ressort scénaristique se voit usé jusqu’à une corde qui finira bien un jour par se rompre.
Dès lors, à qui s’adresse au juste ce roman ? De toute évidence, il est imprégné du plus pur esprit de la fantasy, en contient toutes les caractéristiques, tous les stéréotypes, toutes les créatures de base que sont les elfes, les nains et les dragons, sans oublier
la créature portant un nom – à défaut de l’aspect – caractéristique de l’œuvre à laquelle elle appartient, en l’occurrence les Urgals. Dans cet univers qui reprend les principales ficelles tressées par ses prédécesseurs, le lecteur néophyte plongera certainement avec une sincère délectation, ravi de découvrir un monde qui lui est inconnu et pourtant ne l’égarera pas par trop de repères déconcertants.
Mais le lecteur déjà roué au genre, vénérant depuis longtemps plusieurs références considérées comme des cultes et guettant les nouveautés d’un œil sceptique, espérant y trouver innovation et originalité, ne saurait se satisfaire d’un cycle comme
L’Héritage.
Eragon, en effet, ne contient pas la moindre once de renouvellement et s’enferre dans les voies déjà toutes tracées par les grands auteurs du genre, sans y apporter en aucune façon une quelconque contribution personnelle. Ainsi, bien que l’incipit se révèle accrocheur, l’attention du lecteur rodé retombera bien vite lorsqu’il constatera qu’il devine déjà les grandes lignes du roman, grandes lignes qui ne le détromperont certainement pas. Ainsi, le déroulement de l’histoire, l’ordre des séquences générales, l’évolution caractérielle des personnages, la mise en scène des passages d’action et jusqu’aux révélations des mystères cherchant – avec plus ou moins de bonheur – à être entretenus, ne le surprendront certainement pas, tant ils ont déjà été vus et revus.
Le scénario, donc, souffre d’un manque chronique de personnalité ; cette faiblesse aurait pu se trouver compensée par la qualité littéraire de l’œuvre, malheureusement, cet espoir se délitera à son tour face à la succession de phrases simples et à l’absence de vocabulaire, ainsi qu’au manque de rythme, la construction trahissant un auteur encore immature et inexpérimenté. Et ce ne sont hélas pas les personnages, dont la psychologie est aussi profonde qu’une tapette à mouches, qui viendront contredire ce triste constat…
Dès lors, pour répondre à la question précédemment posée,
Eragon est une œuvre qui s’adresse bien sûr à un public jeune, mais aussi, éventuellement, à toute personne désireuse de découvrir la fantasy par une voie facile et accessible même pour les lecteurs occasionnels. Bien sûr, qu’ils gardent à l’esprit que le livre qu’ils tiennent entre leurs mains est très loin d’offrir un moindre aperçu de la richesse recelée par le genre fantasy, ni au niveau de l’intrigue, ni au niveau de l’écriture, encore moins au niveau de la richesse de l’univers proposé. En tant que roman découverte, donc, pourquoi pas :
L’Héritage, probablement, saura remplir son office. Dans le cas contraire : lecteur expérimenté, veuillez passer votre chemin sans regret.
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(1049 mots)
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Merci de ne pas poster dans ce topic avant délibération du jury ^^