"Les bienveillantes" de Jonathan Littell : Le destin d'un monstre ordinaire au coeur de la mécanique nazie Son nom est sur toutes les lèvres et fait bruisser tout le petit milieu littéraire depuis le printemps dernier :
Jonhatan Littell,
un romancier de nationalité américaine, d'à peine 40 ans et
parfaitement bilingue en français, signe un colossal premier roman de
900 pages,
"Les bienveillantes" (qui tire son nom de
la mythologie grecque, les Erinyes, ou Euménides, ces déesses
persécutrices, vengeresses, hideuses sont appelées par euphémisme, et
par crainte "les bienveillantes"), qui devrait faire grand bruit en
septembre. Une époustouflante fresque, de 1941 à 1944,
archi-documentée, au coeur de l'administration nazie meurtrière et sa
folie industrieuse, retraçant le destin de l'un de ses bourreaux. Pour
une nouvelle fois essayer de comprendre ou du moins d'interpréter
l'indicible...
"Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé..."Situé en pleine seconde guerre mondiale, il raconte, à la première
personne, l'histoire d'un trentenaire franco-allemand (né en Alsace), à
la formation de juriste, cultivé (grand amateur de Lermontov, Stendhal
ou encore Flaubert)..., perturbé par une relation incestueuse avec sa
soeur (dont les fantasmes le hanteront toute sa vie), tout en
s'adonnant par intermittence à des expériences homosexuelles qu'il
refoule.
Bref un homme, avec ses petits mensonges, ses perversités, ses
hyprocrisies et ses grandes certitudes. Fonctionnaire convaincu, il
rêve de servir son pays avec une abnégation qu'on ne pourrait que
louer...
Cet homme érudit, doué d'un esprit de synthèse peu commun, se voit
mandater par sa direction pour effectuer des missions à l'étranger.
Objectif : "améliorer le rendement" ou encore perfectionner les
infrastructures ferrovaires entre l'Allemagne et ses voisins
frontaliers... Aller toujours plus loin et plus vite.
Laborieusement, il met tout son "coeur" à l'ouvrage, assistant à
d'incessantes réunions avec ses collègues, se rendant sur "le terrain",
n'hésitant pas à "mouiller sa chemise" auprès de ses subalternes...
Il est un serviteur de son Administration exemplaire et zélé.
Mais cela ne suffira pas à gripper la machine de cette "entreprise
florissante" qu'il s'est acharné à édifier : jalousies, insultes,
dénigrements déchirent progressivement ce microcosme putrifère de
hauts-fonctionnaires.
Un demi-siècle plus tard, nous retrouvons Herr Maximilien Aue, sous
un nom d'emprunt, devenu directeur d'une fabrique de dentelles.
On apprend que des "accidents" ont fait échouer les ambitions
grandioses de son Administration.
Et éclate alors, à travers ses souvenirs, la vérité sur toute
l'épouvante que fut sa vie : celle d'un officier SS oeuvrant à la
destruction de l'Est, au génocide des juifs, des tziganes, des polonais
et des bolcheviques au sein des horribles Einsatzgruppen SS (les
équipées mobiles qui dans le sillage de l’armée allemande assassinaient
les communistes et les juifs des territoires conquis). Allant jusqu'à
commettre un paricide.
Un monstre inconscient, endoctriné, qui ne regrette rien si ce n'est de n'avoir pu réussir la mission qui lui avait été assignée... "
Ce
que j’ai fait, je l’ai fait en pleine connaissance de cause, pensant
qu’il y allait de mon devoir et qu’il était nécessaire que ce soit
fait, aussi désagréable et malheureux que ce fût", dit-il en introduction à ses mémoires.
Littell dépeint ici une fresque magistrale du destin d'un homme
embrigadé dans les mécanismes industriels de l'horreur nazie, la mise
en œuvre organisée du génocide qu'il décrypte avec précision,sans verser dans le pathos. Un chantier littéraire ambitieux voire
démesuré dans sa plongée vu de l'intérieur du Mal et ses ramifications
sinistres qui tueront des millions d'innocents. Le choix de la première
personne était une difficulté supplémentaire car il ne pardonne aucune
fausse note.
L'auteur pêche cependant par ses dialogues, nourris d'une
documentation fouillée (il a étudié pendant deux années les archives
écrites, sonores ou filmées de la guerre et du génocide, les actes des
procès, les organigrammes administratifs et militaires, les études
historiques et interprétatives, lu près de 200 ouvrages sur l'Allemagne
nazie et en particulier le front de l'Est et s’est aussi rendu à
Kharkov, à Kiev, à Piatigorsk, à Stalingrad..., sur les traces de
l’invasion sanglante de la Wehrmacht s’enfonçant en URSS, à partir de
juin 1941 selon le magazine Télérama), qui sonnent parfois faux et
semblent plaqués artificiellement. De même que ses descriptions sans
fin des différents organes responsables de l'extermination frôlent
l'indigeste.
L'ensemble n'en reste pas moins très impressionnant.
Voilà je vous met une rpésentation trouvé sur un site, quant à moi les mots me manquent pour vous décrire ce chef d'oeuvre
...J'en suis marqué ^^.