Terra Nova

Le scribouillage à la fois attendu parce qu’après avoir enduré 12 semaines de grand RIEN DU TOUT, il est plus que bienvenu, et en même temps redouté à l’issue de ce final qui laisse un peu sur les dents. Terra Nova, la série qu’on présentait comme le mastodonte télévisuel parce que produit par un Spielberg qui rameutait son amour des dinos sur la Fox pour un budget qui fait, aujourd’hui, un peu mal aux fesses (10 millions pour le pilot et 4 millions pour chaque épisode à priori). Entendons-nous bien, je suis peut-être pas fana de SF (et j’entends vos cris déchirants d’ici) mais les dinosaures quoi *o* Pis bon, une fois la chose lancée et passée la première heure, elle a bon dos la SF (traduction : elle prend aussi cher dans les dents que le reste).

Les 40 premières minutes du pilot qui se passaient en 2149 étaient de bonnes factures honnêtement, ce qui est marrant quand on se dit que les 40 dernières minutes du final se passent aussi là-bas et qu’elles aussi, elles s’en tirent bien (‘Savez ce qu’on dit hein, pas de coïncidence sans casser des oeufs !). Elles nous plongent dans une ambiance post apocalyptique étouffante qui n’est pas sans rappeler quelques films précurseurs du genre (ça m’a rappelé Blade Runner perso mais c’est sans doute trop flatteur !), sans compter le gouvernement aux pleins pouvoirs qui fait n’importe quoi au point de pousser une famille à vouloir rejoindre l’ère des crétacés. Le côté futuriste “la planète se meurt” était pas trop mal surtout qu’on a évité le brulôt écolo que je voyais venir à des kilomètres.

C’est quand même après (bien qu’on en voit les prémices dans le pilot) que ça se gâte franchement. Une fois arrivés à la colonie, allez savoir pourquoi, c’est le monde des Bisounours malgré deux trois tentatives pour nous montrer que bon sang, non, c’est une série pour adulte. Le principal problème de Terra Nova reste sa promotion et son positionnement avancé de grande série SF du moment, mature et bien pensée. On nous l’aurait mise direct dans la case “série familiale” et vous pouvez diminuer de moitié les critiques négatives que la série a généré. Mais alors pourquoi cet acharnement ?

La famille principale, la mielleuse Shannon n’a pas franchement fait l’unanimité déjà. De la mère Elisabeth protectrice et débordante d’amour au père Jim moralisateur et loyal, de l’ado rebelle Josh tête à claque à la fille intello Maddie tête à claque aussi (ça doit être dans les gènes parce que même les parents n’y coupent pas), y en a pas un pour sauver l’autre. Remercions Zoe qui, du haut de ses 5 ans, nous épargne le cliché de la petite dernière “j’ai réponse à tout et je me colle dans les emmerdes” mais sinon, comme vous pouvez le constater, le reste de l’équipage ne vole pas bien haut en terme de psychologie un peu fouillée. Du coup, chacune de leurs paroles et leurs action sont prévisibles donc terriblement ennuyeuses et sans surprises. Le schéma de la petite famille américaine courageuse et pionnière de ce nouveau monde ne sort jamais du cadre bref, comment s’attacher à des gens si parfaits qui ont toujours de bonnes raisons de faire des erreurs et sont aussi vite pardonnés ? Tous dégoulinants de bons sentiments, on ne demande, nous, qu’une chose, c’est de s’attacher au pas de quelqu’un d’autre. Encore une fois, c’est une question d’état d’esprit dû au décalage entre ce qu’on nous a promis via la promotion et ce qu’on a réellement. Ce n’est en rien une erreur de notre part mais bien de la Fox qui n’aurait jamais dû vouloir prendre autre chose que “la série familiale gentillette”.

Pas de bol, Terra Nova est un concentration de personnage sans âme et sans subtilité malgré des essais avec Lucas et Boylan qui pouvaient parfois être appréciables par leurs ambiguïtés. Et encore devant le manque flagrant de talent d’écriture pour cette série, je me suis quand même demandée si c’était pas juste une petite erreur de la part des showrunners (c’est vous dire…). Bref, le Commandant est dégoulinant de stoïcisme et de patriotisme et bien niais en ce qui concerne son garçon, bref, l’archétype de l’autorité avec des muscles qui délègue aux autres ce qui demanderait un peu de neurone. Parmi ces soldats, hormis lors d’un meurtre (où l’on a un sursaut d’espoir “Yes, ils peuvent peut-être mourir !”), ce sont tous ses mini-lui. Reynolds, le transi d’amour n’arrive pas à être touchant dans ses manières maladroites et seule Wash‘ tire son épingle du jeu lors du 1×12 où elle trouve une fin belle mais tragique (une preuve de plus que Terra Nova peut arriver, même brièvement, à prendre des risques et nous surprendre avec un ton dramatique plus que bienvenue). Sky peine lourdement à décoller et c’est sans difficulté qu’on devine qui elle est et ses raisons. Son parcours reste donc bien bas de plafond. Ne parlons pas de Mira, l’alterego monoexpressive de Taylor, qui semblait être là pour nous prouver que tout n’est pas tout blanc ou tout noir mais devant la pauvreté du personnage, c’est peine perdue…

Reste que j’ai apprécié Boylan, l’intéressé, Malcolm, certes le cliché du scientifique mais ô combien plus digeste que tous les autres et Lucas malgré les dernières minutes de sa confrontation avec son père, désastreuses. Vous l’avez compris, niveau portrait, on est pas loin du 0 pointé tant tous les clichés américains sont rassemblés. En soi, si le label familial avait été apposé, on s’y serait sans doute attendu mais on nous a bien trompé et la chute ne s’arrête pas là.

Je crache rarement sur les effets spéciaux de séries. Ces dernières font souvent avec les moyens du bord, tentent de bidouiller comme elles peuvent ou ont recours à des artifices puisque les budgets dans ce domaine sont loin d’avoisiner ceux du cinéma. M’enfin, quand on a un pitch dans Terra Nova, on essaye un minimum de balancer du correct. Hormis la partie futuriste qui ne passe pas trop mal, la série enchaîne fonds verts dégueulassement incrustés (appelons les FVDI) sur FVDI et les dinosaures sont loin d’arriver à nous faire croire à ce chmilblick indigeste pour le peu qu’on les voit.

Enfin, parlons du fond du fond du fond de l’intrigue pour y trouver…Rien. Ou alors très peu. Si le premier épisode et le double épisode final sont quelque peu entraînants car véritables moteurs à action et intrigue, les autres ne servent clairement qu’à combler le trou de 10 épisodes entre ceux-là, distillant ici et là 2/3 indices en prémices de cette fin de saison. Malheureusement, ils ne se reposent que sur le côté “pionniers du nouveau monde” pour espérer intéresser leurs spectateurs et même sur moi, ça n’a pas pris (Franchement, le Thanksgiving à leur sauce 1×08 en était risible). Quand aux fameux indices disséminés, ils sont malheureusement mal dosés : après une grosse attention portée au fameux dessins de la grotte lors du season premiere, cette partie tombe complètement en désuétude avant de ressurgir vers la fin (histoire qu’on oublie pas quoi !), sans compter que chaque intrigue, sensé avoir un lien direct avec le fil conducteur de la saison, tombe à plat et ne nous avance guère… Dommage, cette histoire de portail est plein de potentiel !

Inégale, mal écrite, manquant clairement de souffle et extrêmement mal dosée en terme d’intrigue, Terra Nova est clairement MA déception de l’année 2011. La promotion m’en a fait attendre beaucoup, la chute fut rude. Reste que la dernière minute m’a intriguée (ouioui !). Cette promesse d’un mystère (un vrai !), peut-être de nouveaux horizons avec les Badlands et surtout le fait que cette indigeste introduction au monde de Terra Nova soit passée laisse à penser que la série peut se relever petit à petit de ses cendres. Je serais donc là pour son lancement (si le feu vert est donné, réponse en 2012 vu les audiences décevantes) mais elle devra faire ses preuves très vite sous peine d’un décrochage définitif de ma part.

2/10 pour une série absolument pas à la hauteur de ses moyens, cumulant clichés américains et épisodes remplissages sans intérêt malgré de (très) brèves petites bonnes surprises.