The Yard

A mi-chemin entre Prison Break, Les Sopranos et La Guerre des boutons, The Yard est non seulement la première série canadienne que je regarde (guilty) mais aussi celle qui a comblé le grand trou vide laissé par la fin de Game of Thrones. Évidemment, aucun point commun entre les deux (quoique…Sûrement un parallèle à faire avec le pouvoir) si ce n’est le plaisir ressenti en les visionnant.

The Yard a pour lui un concept très très original qu’on a pourtant tous plus ou moins traversé. Ici, la cour de récré est régie par les mêmes règles que la cour des grands. Gangs, trafics, territoires, plan d’importation et hiérarchie des pouvoirs au programme ! Mais pas d’inquiétude, il ne s’agit pas ici de tirer la sonnette d’alarme des parents en disant que les enfants deviennent violents ou méchants de plus en plus tôt ! Les trafics en question, ce sont des cartes à la mode, l’importation, ce sont des sandwichs au beurre de cacahouète et à la confiture et la guerre de territoire, c’est la dispute d’un terrain de foot.

Pourtant, les enjeux sont tout aussi importants, tout comme les notions de frontières ou d’exercice du pouvoir et ça s’en ressent dans leur langage et leur vocabulaire qui reste, somme toute, très mature pour des enfants de leur âge. D’ailleurs, les acteurs bien qu’excellents et mignons comme il faut, montrent bien qu’ils récitent parfois plus qu’ils ne jouent mais en même temps, manier l’essence du capitalisme quand on a que 8 ans, ben c’est pas donné à tout le monde.

Si les intrigues et la mise en scène restent pures fictions, le fonctionnement de The Yard est très réaliste. Les préoccupations des enfants sont très bien choisies tout comme l’espèce de cliché qui se construit en primaire et vous poursuit souvent quelques années (le geek, la jolie fille, le magicien, l’intello, la petite frappe…). De même, chaque fin d’épisode leur apprend quelque chose, une très légère morale qui a pour vocation de les aider à grandir. Le côté mockumentary fonctionne à merveille puisque les enfants se servent de la caméra pour expliquer leur façon de penser le système. Un système qui repose ici sur les problèmes tirés d’un monde autre que le leur (les adultes) mis à leur niveau mais tourné de façon très satirique. La formule marche, c’est indéniable parce que ce décalage est à la fois très drôle et touchant.

Les héros sont les enfants. On ne voit aucun adulte, le monde tourne autour d’eux, de leur univers et de leurs codes. Ainsi, les garçons ne frappent pas les filles mais Suzi vous montrera qu’elle est la reine à ce jeu-là. Corey, malchance boy par excellence, et laissé pour compte par sa mère est adorable par sa vision des bébés : “The way my mum gets pregnant is she pees on a stick and it changes colors and that’s how babies are made”. Voilà, une citation qui reflète plutôt bien la série. Adams, le tout petiot et J.J le plus intelligent et idéaliste (grande représentation du concept même de The Yard) sont adorables avec leur bouille toute ronde quand Frankie et Nick s’affrontent dans une guerre des gangs “sans pitié”. Finalement, tout ça, ça rappelle le système politique comme le dit si bien Lady Teruki.

Enfin, pour contribuer à tout ça, un univers carcéral incarné par l’école. Les adultes, floutés, sont menaçants avec leur cloche et sifflets, les grillages autour font office d’enceinte, sans compter les caméras et les hélicoptères qui survolent la zone et les bruitages de fin de scènes qui ressemblent à un portail de prison qui se referment brutalement. Le générique est juste extra avec un semblant de hip hop sur rythme enfantin et leur têtes blondes sur cahier scolaire.

Vous l’aurez compris, The Yard est un vrai coup de coeur et il mérite toute votre attention et même votre soutien : N’hésitez pas à voter pour la série sur Séries Live !

9/10 pour une mini-série originale, adorable, touchante et très drôle qui a su prendre des concepts graves pour en faire des situations à mourir de rire.